Retrouvailles - Reencuentro

RETROUVAILLES

Cette fois, c’est la bonne, notre résidence principale s’appelle Tchao Tchao. L’appartement de Majorque a été restitué à son propriétaire ; quelques caisses avec nos effets personnels sont entassées dans un dépôt, il m’était impossible de tout transporter par avion jusqu’à notre chez nous flottant.

J’ai déjà eu la chance d’enregistrer pas mal de kilos de plus que ce qui est permis pour mon vol (merci Isabelle !), aussi la chance de voyager seule dans ma rangée, celle de la sortie de secours de l’avion (merci René ! merci Julián !) bénéficiant ainsi de plein de place pour mes gambettes.

Palma – Barcelone – Bogotá – Cartagena… départ jeudi matin, mon dernier avion a atterri à Cartagena de Indias à 23h15, jeudi soir, heure locale. De l’autre côté des portes battantes de l’aéroport, personne… Il faut que je vous raconte quelque chose…

Tadeusz, alors sur le chemin du retour des îles San Blas avec des routards, m’avait appelé grâce à l’Iridium (téléphone par satellite à portée mondiale) pour me faire savoir qu’il se trouvait en haute mer, que « …quelque chose s’était cassé dans mon moteur […] à mille milles de toute terre habitée …» – comme aurait dit Saint-Ex – et pétole (en jargon marin, pas un pet de vent). Bref, il ne serait certainement pas là à mon arrivée. Du coup, j’ai joué la « routarde » et je suis descendue dans un de ces hôtels qui nous fourni normalement en clients. Et l’attente a commencé, longue et un peu pesante soyons francs… et puis samedi matin enfin d’autres nouvelles : toujours pétole, toujours pas de moteur, coincé à 18 miles de l’entrée de la baie de Cartagena de Indias. Donc là, tout s’organise avec les potes, les vrais, grâce à l’un d’eux qui propose immédiatement de partir remorquer « Tchao Tchao » (merci Hervé et sa petite famille, Dagny et Amani et leur super « Metacomet », un 75 pieds en bois !). Décision prise, on a la position exacte de Tadeusz, on fait le plein de gasoil, on pense à la manœuvre, on prépare deux gros bouts (nom donné aux cordes à bord) bien solides amarrés à chaque côté de la poupe (partie arrière de l’embarcation) et eux-mêmes chacun relié à un troisième bout pour former un triangle. L’extrémité libre du troisième bout étant celle qui devra être lancée avec force et précision à « Tchao Tchao », pendant la manœuvre minutieuse d’approche. Heureusement, les vents, absents, faciliteront la chose. Après 1h30 de nave (abréviation courante pour « navigation ») à pleine vitesse, nous distinguons au loin une silhouette immobile qui ressemble de plus en plus à notre « Tchao Tchao ». Le cœur battant, nous retenons tous notre souffle. Oui ! C’est bien lui ! l’équipage des « remorqueurs » pousse des cris de joie… nous imaginons facilement le sentiment d’allégresse qui doit jaillir des poumons des « remorqués » : après une bonne heure supplémentaire de nave, nous avisons le capitaine et ses six routards tous sur le pont, prêts à la manœuvre. Echange de « Hourrah !, Youpi ! », de regards aussi avec mon capitaine préféré. Il est 17h30, le ciel se tâche soudain d’orange et de rose, près du soleil couchant. A l’opposé, un arc-en-ciel presque entier témoigne d’un grain (pluie en mer) au loin. Tel des projecteurs de fortune, ces lumières naturelles éclaireront l’approche un-peccable du « Metacomet » sur le tribord de « Tchao Tchao », le lancer tout aussi deux-peccable du bout, sa réception et son amarrage trois-peccable à la proue (partie avant de l’embarcation)…

En quelques minutes, dans un calme olympien, sans un cri sans un heurt, le remorqueur et le remorqué se retrouvent unis par le lien solide de l’amitié et commencent à faire route ensemble vers bon port. C’est à 21 heures que « Tchao Tchao » largue le bout qui le tractait et jette son ancre face à la marina du Club Nautique de Cartagena de Indias. Enfin, arrivé.

Quelques instants plus tard, son capitaine amarre le dinghy (annexe avec hors-bord) au « Metacomet » et monte à bord où je l’attends avec une bonne bière bien fraîche ! Depuis, il ne cesse de répéter « Quel bonheur que tu sois de retour, quel bonheur ! » et je suis plutôt d’accord avec lui, je vous avoue…

REENCUENTRO

¡A la tercera va la vencida ! Finalmente tenemos al Tchao Tchao como residencia principal. Liquidado el piso en Mallorca… devueltas a su propietario las llaves… sólo quedan unas cuantas cajas con nuestras pertenencias más personales en un almacén, dado que no era posible llevarlo todo en avión hasta nuestra casa flotante.

Aún así he tenido la suerte de poder facturar muchos más kilos de lo permitido (¡gracias Isabelle!) y de poder viajar yo sola en la fila de emergencias, un gran alivio para las piernas (¡gracias René! ¡gracias Julián!).

Palma – Barcelona – Bogotá – Cartagena de Indias. A las 23:15 locales del pasado jueves aterrizó mi avión en Cartagena. Al otro lado de las grandes puertas del aeropuerto, nadie… Os tengo que contar algo:

Tadeusz estaba de camino a Cartagena con unos mochileros, pensando llegar a tiempo para recogerme a mi llegada. Me llamó pero desde el Iridium (teléfono satelital con cobertura mundial) en plena noche para avisarme de que el motor del barco dejó de funcionar y que se encuentra en plena mar, sin ningún viento en absoluto.

Entonces, no me queda otra que coger un taxi del aeropuerto hasta un hostal que normalmente nos provee con mochileros. Pasan noches, días… una espera algo larga… pesada…

El sábado a medio día por fin, noticias del “Tchao Tchao”: no se puede reparar, sigue el barco sin avanzar, sin viento, está a unas 18 millas de la entrada en la bahía de Cartagena. A partir de este momento se van organizando las cosas con los amigos, los verdaderos, gracias a uno de ellos que propone enseguida largar amarras para remolcar al “Tchao Tchao” (¡gracias Hervé y su familia, Dagny y Amani, y el super “Metacomet”, un velero de madera de unos 75 pies!).

Decisión tomada, sabemos la posición exacta de Tadeusz, cargamos gasóleo, pensamos en la maniobra, preparamos dos cabos gordos y sólidos amarrados a cada lado de la popa del barco (parte trasera de la embarcación), ellos mismos amarrados a un tercer cabo para formar un triángulo. El extremo libre de este cabo tendrá que ser lanzado con fuerza y a la vez precisión al otro barco en el momento de la maniobra de alcance.  ¡Ojala se mantengan los vientos como ahora para facilitarnos el trabajo! Después de hora y media de navegación a velocidad máxima, distinguimos en el horizonte una silueta inmóvil que se parece cada vez más al “Tchao Tchao”. Nuestros corazones laten más fuerte, todos retenemos la respiración. ¡Si! ¡Es él! La tripulación del “Remolcador” exulta… nos imaginamos los gritos de alegría  a bordo del “Remolcado”: pasado otra hora de navegación aparecen el Capitán y sus seis mochileros en la cubierta, listos para la maniobra. Intercambio de “¡Yahu! Hurrah!”, intercambio de miradas también, con mi capitán preferido…

Son las 17:30… el cielo se mancha de rayas de color naranja y rosa al oeste. En frente, un arco iris casi entero aparece, prueba de unas lluvias en el horizonte. Haciendo de proyectores de fortuna, estos focos naturales dan luz a una maniobra impecable del “Metacomet” por el lado estribor (derecho) del “Tchao Tchao”, el lanzamiento igual de perfecto del cabo, su recepción y amarre en proa (parte delantera de la embarcación) con la misma perfección…

En pocos minutos, con una tranquilidad olímpica, sin gritos ni exabruptos, el Remolcador y el Remolcado se encuentran unidos por el hilo sólido de la amistad y navegan juntos camino a puerto. A las 21:00 “Tchao Tchao” larga el cabo que le estaba remolcando y echa el ancla frente a la Marina del Club Náutico de Cartagena de Indias. Ya está. Por fin.

Unos instantes más tarde, mi capitán preferido amarra su dinghy (pequeña embarcación con fuera bordo) al “Metacomet” y sube a bordo donde lo estaba yo esperando, una “fría” en la mano. Desde entonces, no para de decirme: “¡Que felicidad que hayas vuelto!” y sinceramente, estoy de acuerdo con él, os lo confieso…

Comments

[Bong's]

Ben nous on avait pétole d'internet et c'est que maintenant que nous prenons connaissance de vos, mais, aventures... qui comme dans les films romanesques se terminent bien pour mieux commencer votre nouvelle vie à bord.
Nous vous souhaitons à tous deux bon vent plein d'amour, et bonne fortune. Plein plein de gros bisous à vous et à bientôt pour de nouvelles aventures.

[fredo]

Salut !
J'ai pas eu le temps de vous souhaiter le meilleur pour la suite depuis que votre maison est 100% flottante.
J'étais parti de votre côté de l'Atlantique, mais plus au Nord et sur la terre ferme, pour une semaine à New York... Excellente semaine d'ailleurs.
Ici l'hiver pointe le bout de son nez, on gratte les voitures depuis qqs jours... Pour vous la saison des cyclones s'éloigne. Alors je vous souhaite une très très belle saison touristique, ainsi que 'tout le bonheur du monde'.

PS : Muriel, je reitère mes compliments quant à tes talents de narratrice... J'adore tes histoires. Tu sais captiver tes lecteurs. C'est génial.
Ciao
Fredo

[maènechou]

Après une petite semaine pour reprendre le contact avec la vie flèchoise après notre séjour andalou (Mon Dieu que c'est beau !) je prends enfin le temps d'aller sur ton blog et cela en valait la peine.... quelle aventure... quelles belles retrouvailles après toutes ces émotions que nous avons partagées avec vous... On vous embrasse fort tous les deux

[melichou]

je n'avais pas lu ce nouvel article... bah ça alors !! quelle aventure !! c'est dingue !!
je suis toute heureuse de vous savoir réunis...enfin !!
Moi j'attends noel avec grande impatience... et c'est LONG !! LoL
Je vous fais plein de ZOUS et ZAIM fort fort fort...

[serge et josy]

Quel début pour ce deuxième tome de votre vie à bord de la maison sur l'eau.
Et vive le téléphone et vivent les satellites de télécommunication...
La solidarité des hommes en mer n'est pas un discours en l'air.
Pour Muriel: j'espère que tu as bien enregistré les détails de la manoeuvre d'arrimage. Ce devait être fort intéressant et instructif.
Plein de bises et à bientôt.