Une journée à Panama City / Una jornada en Panamá City
Une journée à Panama City
Nous avons décidé de vous faire
vivre une de nos folles escapades adorées ( !) à Panama City. Accrochez
les ceintures, c’est parti !
Le frigo et les coffres sous le
salon du carré font la triste mine… il faut faire le plein et cette fois, nous
avons choisi l’option voiture pour rallier la grande ville. En effet, nous
allons avoir pas mal de choses à rapporter de la capitale, et en bus… ben… pas
vraiment aisé tout ça.
Ça s’organise donc la veille du
départ, histoire de s’assurer que la voiture que nous allons louer à une
états-unienne, installée depuis des années avec sa mère à Puerto Lindo, est
bien libre. Ces femmes sont arrivées ici en voilier elles ne savent plus bien
quand et y sont restées, achetant une maison dans le village, et vivant de
divers petits négoces ou services : laverie, location de leur 4x4,
location internet à l’heure… leur voilier flotte toujours dans la baie, et en
contrepartie de quelques travaux à son bord, Tad a pu négocier la voiture de
temps à autre, ce qui nous rend bien service.
Sarah nous a confirmé que la
voiture est disponible, nous allons donc pouvoir partir demain matin aux
aurores, car il y a quand même deux heures de route en voiture (contre au moins
trois heures en autobus).
Au dodo avec les poules, le réveil
nous sort du sommeil à cinq heures et
demie. La cafetière toussote, le thé déthéiné infuse, les tranches de pain
maison brunissent dans la poêle sous haute surveillance (ah la la, quelle belle
chose que le grille-pain électrique qui éjecte tout seul les tartines au degré
de bronzage souhaité !), les douches sont brèves et seront plus complètes
ce soir au retour, après une journée dans la moiteur et les vapeurs de la
ville.
Dernier contrôle : plan de
Panama City, sacs pour les courses, poches à produits surgelés, alternateur
qu’il faut réparer, mesures pour les écoutes du génois, poubelles à descendre,
passeports et permis de conduire (pour les nombreux contrôles sur la route),
tout y est ! Fermer l’eau, le gaz, les hublots, tout y est !
Nous traversons la baie encore
toute endormie et à peine ensoleillée pour rejoindre le petit débarcadère de
nos amis Hans et Edina. Là nous laisserons le dinghy pour la journée et tandis
que je sèche mes pieds et enfile mes chaussures, Tad file vers la maison de
Sarah pour prendre la voiture. Jules m’a rejoint, un ami qui a son moteur en
panne et qui profite de notre voiture pour l’apporter à la ville, en espérant
qu’on puisse le lui réparer. Quelques minutes plus tard, nous sommes tous les
trois en voiture, il est sept heures, nous sommes dans les temps.
La route vers Panama City se
découpe en cinq étapes : de Puerto Lindo à la petite ville de Portobelo, dans
les terres par la campagne. De Portobelo à Maria Chiquita, en bord de mer, un
émerveillement renouvelé à chaque passage. De Maria Chiquita à Sabanitas, par
l’intérieur et les faubourgs de la ville moyenne de Sabanitas. De Sabanitas à
Paraíso, par l’autoroute et son péage. De Paraíso à Panama City, par la forêt
en longeant le fameux canal. En tout, deux heures à travers de fabuleux
paysages, un peu moins drôle et surtout plus long sous les pluies tropicales
qui s’abattent en cette saison encore sur la région.
Faut-il vous parler des panaméens
au volant ? Tout un poème… mais heureusement, ils doivent avoir des anges
gardiens très efficaces… et nous aussi ! Maman, je t’assure que Papa
conduit très très bien, qu’il n’y a aucune raison que tu aies mal au ventre ou
que tu sois crispée en voiture, vraiment aucune !! Ici, on se surprend
souvent à serrer les dents, les fesses et tout ce qu’on peut et finalement,
ouf, c’est encore passé… et le clou du clou, ce sont les chauffeurs de bus qui
se croient sur le circuit des 24 heures du Mans en permanence !
Réfléchissons vite et bien. Les
courses, pour la fin, évidemment, si nous ne voulons pas que le beurre soit
changé en huile à notre retour. Et n’oublions pas le dentiste en début
d’après-midi pour Tad. Nous commencerons par le moteur de notre ami qu’il faut
emporter à l’autre bout de la ville, plus d’une heure de trajet dans les
bouchons et klaxons habituels. Nous nous assurons que le mécanicien (que nous
connaissons malheureusement très bien, et pour cause…) peut aider notre ami et
une fois la chose entendue, nous les laissons pour vaquer à nos occupations. En
revenant vers le centre par ici et par là, on se rapproche du magasin pour les
bouts… et oh bonheur ! nous y trouvons nos écoutes. Vite ! il va être
midi et il faut encore passer déposer l’alternateur chez le réparateur, sinon,
nous ne l’aurons jamais prêt pour ce soir. Grâce à la dextérité de Tad au
volant et à la qualité de guidage non négligeable du copilote qui commence à
bien connaître la ville, le contrat est rempli avant midi.
Comme d’habitude, nous avons
l’impression de n’avoir pas fait grand-chose si ce n’est avalé des kilomètres
et les gaz des pots d’échappement et pourtant, la matinée s’est déjà envolée.
Nous allons vite déjeuner avant que ce ne soit l’heure du dentiste. Une soupe
typique servie partout qu’ils appellent le Sancocho, un bouillon de poulet avec
des morceaux viande, de maïs, de manioc, de banane plantain, du riz et des
oignons. Un grand bol de soupe avec une assiette de riz blanc (mais plutôt
rond) vous rassasie pour la modique somme de trois dollars, voire moins,
l’équivalent de 2,20 de vos Euros-péens.
Le café, ça sera pour une autre
fois, pas le temps ! En route pour le dentiste, puis récupérer
l’alternateur réparé et enfin les courses dans un supermarché qui a des
produits que l’on ne trouve pas ailleurs style beurre, crème fraîche,
moutarde « Tricot » pour ne faire de pub à personne !,
cornichons, bons fromages, jambons potables, filets mignons palerons et autres
morceaux de choix, pâtés « Et paff » (toujours pour ne faire de pub à
personne. Incroyable, ils sont partout…), courgettes, semoule à couscous,
harissa… ceci pour les principaux ingrédients qui nous font défaut dans les
supermarchés habituels et que l’on aime s’offrir de temps en temps.
Il est déjà presque quatre heures
et demie, nous sommes à la caisse… quel est ce bruit assourdissant et
soudain ?! Ben voyons, ça nous avait manqué, un bon déluge au moment de
charger toutes les courses dans la voiture, quoi de mieux pour se
rafraîchir? Ah, n’oublions pas de demander à la caissière des cartes de
recharge pour nos téléphones respectifs et notre connexion internet. Et quoi
d’autre… hmmm… une mini-tablette de chocolat qui sera dévorée immédiatement,
avant qu’elle ne se liquéfie dans son papier aluminium… hmmm… récompense…
Ne trainons pas, sinon nous allons
encore devoir faire le dernier quart du trajet retour dans la nuit, décharger
tous nos paquets de la voiture au dinghy dans la nuit et sous la pluie
battante, aller rendre la voiture à sa propriétaire toujours sous la pluie,
traverser la baie qui nous semblait si accueillante ce matin avec la tête dans
les épaules, les gouttes de pluie ruisselant devant nos yeux, essayant d’éviter
dans la nuit noire les corps-morts¹ non signalisés sur notre chemin, décharger
le dinghy, ouvrir le bateau et remplir le carré avec nos sacs dégoulinant d’eau
(oui, mais douce, restons positifs !). Mettre des habits secs, commencer à
estiver² les vivres dans la cambuse³ après les avoir essuyés un à un, et
s’asseoir… Ouf ! Quelle paix soudain, même la pluie semble cesser
maintenant… on aère le bateau, on se prépare un petit dîner simple et bon, on
s’installe dans la baignoire⁴, on souffle…
Le lendemain, les compagnons de
fortune des autres bateaux mouillés dans la baie nous demanderont avec un petit
sourire en coin : Alors ? C’était bien à la ville, non, comme
d’hab ?! Et nous, avec un autre sourire en coin : Ben oui, génial
quoi ! Nous savons pourquoi nous sommes là, et pas en ville… pourquoi nous
sommes là, et pas à terre… la seule pensée qui nous hante alors, c’est :
« Pourvu que nous n’ayons
rien oublié en faisant les courses !!!!! »
Le Grand Robert de la langue française vous explique,
corps-morts¹ : Mar. Ancre, dispositif
de mouillage attaché à un poste fixe. S'amarrer
à un corps-mort.
estiver² : Mar.
Comprimer (des marchandises d'un grand volume) afin qu'elles tiennent
moins de place.
cambuse³ : Mar. Magasin du bord où sont conservés
et distribués les vivres, les provisions. Tenir
la cambuse.
baignoire⁴ : Mar.
Baignoire d'un yacht.
Cockpit. — (1940).
“Paseando” por Panamá City
Hemos
decidido haceros vivir una de nuestras tan apreciadas escapadas a Panamá City.
¡Abróchense los cinturones que ahí vamos!
La
nevera y los cofres vacíos ponen mala cara… tenemos que llenarlos y esta vez
hemos elegido la opción coche para llegar a la gran ciudad. Tendremos que traer
muchas cosas de la capital y eso, en bus, no sería muy fácil…
Así
pues todo esto se organiza el día antes, entre otras cosas para asegurarnos que
el coche que vamos a alquilarle a una gringa instalada en Puerto Lindo con su
madre desde hace años está disponible. Estas dos gringas, madre e hija,
llegaron hasta aquí en un velero ya ni saben muy bien cuando y se quedaron. Se
compraron un terreno en el pueblo, construyeron una casa y viven desde entonces
de pequeños negocios y servicios que ofrecen a los yatistas: lavandería,
alquiler de la camioneta 4x4, conexión por horas a Internet… Su velero sigue a
flote en la bahía y, a cambio de algunos trabajos a su bordo, Tad puede
negociar de vez en cuando el vehículo a buen precio, lo cual nos saca de
apuros.
Sarah
nos confirma que la camioneta está disponible. Partiremos mañana con el alba,
muy temprano, pues hasta Ciudad de Panamá por carretera hay dos horas en coche,
contra tres al menos en autobús.
Nos
acostamos pronto; el despertador nos saca del sueño a las cinco y media de la
mañana. La cafetera italiana tose estornudando su café, en la tetera reposa la
infusión de té sin teína, las rodajas de pan recién hecho se tuestan en el
sartén bajo fuerte vigilancia (¡qué invento ese, el de la tostadora eléctrica,
que eyecta automáticamente las tostadas cuando alcanzan el tueste deseado!),
las duchas breves, ya serán más
completas esta noche, de vuelta a bordo tras una jornada entera sumergidos en
los húmedos y contaminados vapores de la congestionada ciudad.
Último
control: el mapa de Ciudad de Panamá, las bolsas para la compra, las especiales
para los productos congelados, el alternador que hay que mandar a reparar, las
medidas para las escotas nuevas del génoa, las bolsas de basura a desembarcar,
los pasaportes y permisos de conducir (por todos los controles que hay en la
carretera), no olvidamos nada, lo tenemos todo. Desconectar la bomba de agua,
cerrar el gas, las escotillas, el tambucho de acceso, ¡ya está!
La
ruta hacia Ciudad de Panamá se divide en cinco partes: de Puerto Lindo al histórico
Portobelo por el interior, entre ranchos y alquerías. De Portobelo a María
Chiquita la carretera va por la costa, la constante sorpresa de un paisaje de
ensueño renovada a cada curva. De María Chiquita a Sabanitas otra vez por el
interior, aunque con algunas vistas al mar, pero las casitas bajas amontonadas anunciándonos
ya los arrabales de la pequeña ciudad de Sabanitas. De Sabanitas a Paraíso por
la autopista de peaje transístmica. Y de Paraíso a Ciudad de Panamá siguiendo
el famoso canal por entre frondosos bosques tropicales. En total dos horas de
viaje a través de paisajes fabulosos, algo menos divertido y sobre todo más
largo bajo las fuertes lluvias tropicales que se abaten todavía en esta época
sobre la región.
¿Hace falta describiros a los panameñ@s al volante? Es todo un poema…, pero deben de tener unos ángeles guardianes especialmente eficaces…, ¡y nosotros también! Mamá, te aseguro que papá conduce muy muy muy bien, que no hay ninguna razón para que se te entornille el estómago o que te sientas nerviosa en el coche, ¡verdaderamente ninguna! Aquí nos sorprendemos a menudo apretando cachete, tensando las nalgas y todo lo demás…, para finalmente - ¡uf! –, justito, justito, pero hemos vuelto a pasar… ¡El colmo de los colmos son los conductores de bus que se creen que están en el circuito de Le Mans corriendo las famosas 24 horas…!
Ahora
hay que pensar rápido y bien. Las compras a lo último, evidentemente, si no
queremos que la mantequilla sea aceite líquido a nuestro regreso. Y no
olvidemos la cita con el dentista de Tad a primera hora de la tarde. Empezaremos
por el motor de nuestro joven amigo Jules que hay que llevar al otro extremo de
la ciudad capital, más de una hora de trayecto entre los atascos y bocinazos
habituales. Nos aseguramos que el mecánico – que desgraciadamente conocemos
bien, ¡y con razón! – puede ayudar a nuestro amigo y los dejamos allí juntos
mirando con cara de interrogación el motor inútil a sus pies. Volviendo hacia
el centro entre atascos y bocinazos conseguimos dar con la tienda en donde nos
dijeron que encontraríamos los cabos que necesitamos y, ¡oh suerte! encontramos
nuestras escotas. ¡Rápido! ¡Que ya van a dar las doce del mediodía y todavía
tenemos que pasar a dejar el alternador al taller, que si no, no lo tendremos
listo para esta tarde! Gracias a la habilidad de Tad al volante y la calidad de
guía de la experta copiloto que comienza a conocer bastante bien la ciudad y
sus trucos, la misión se cumple justo antes del mediodía.
Como
siempre, tenemos la impresión de no haber hecho todavía gran cosa, aparte de
haber chupado kilómetros de rueda y respirado los gases de escape de todos los
coches del mundo, y sin embargo la mañana ya se fue. Nos vamos rápido a buscar algo
de comer antes de que den la hora del dentista. Una sopa típica que sirven en cualquier
sitio y que llaman sancocho, un caldo
de gallina con trozos de carne, maíz, yuca, plátano verde, arroz y cebolla. Un
gran bol de sopa y un plato de arroz blanco os llena la barriga por la módica
suma de tres dólares, ver menos, el equivalente de 2,20 de vuestros Euro-péos…
El
café será para otra vez, ahora no hay tiempo. Primero el dentista, después
recuperar el alternador reparado y, finalmente, las compras en un supermercado
que tiene productos que no encontramos en otras partes, como por ejemplo
mantequilla, nata, mostaza “Tricot” (para no hacerle publicidad a nadie),
pepinillos en vinagre, buenos quesos, jamón, solomillo, paletilla y otras viandas,
patés “Et paff” (para seguir con nuestra política de no hacerle publicidad a
nadie…, increíble, están por todas partes…), calabacines, sémola de cuscús, ají
picante…, esto por los principales ingredientes que echamos de menos en
nuestros supermercados habituales y que sin embargo nos gusta degustar de vez
en cuando.
Ya
son casi las cuatro y media, estamos haciendo cola ante las cajeras…, pero ¿qué
diablos es ese ruido ensordecedor de repente? ¡Vaya! ¡Lo que nos hacía falta
ahora! Un buen diluvio en el momento de
cargar las compras en el coche, ¿qué mejor para refrescarse de tanto calor y
tanta sudada? ¡Ah! ¡Y no olvidemos de pedirle a la cajera unas tarjetas de
recarga para nuestros respectivos teléfonos móviles y nuestra conexión
Internet! ¿Y qué más? Hummm… Una mini
tableta de chocolate que será devorada inmediatamente, cosa que no se vaya a
fundir en su envoltorio de aluminio… ¡Hum! ¡Deliciosa recompensa!
No
nos entretengamos mucho que si no tendremos que hacer la última parte del
camino de regreso en la oscuridad, descargar todas nuestras compras desde el
coche al chinchorro en la oscuridad y bajo una lluvia que cae como chuzos del
cielo, ir a devolverle el coche a la gringa de noche y bajo la lluvia, cruzar
esa bahía que nos resultaba tan acogedora esta mañana con la cabeza escondida
bajo el brazo, la lluvia cerrándonos los párpados, intentando evitar en la
noche cerrada los muertos no señalados en nuestro camino, descargar el
chinchorro, abrir el barco y llenar el salón con nuestras bolsas empapadas (de
agua dulce, ¡seamos positivos!). Ponerse ropa seca, empezar a estibar los
víveres en sus cofres después de haberlos secado uno a uno… y, por fin, ¡sentarse!
¡Uf! ¡Qué
paz, qué descanso de repente! ¡Hasta la
lluvia parece ahora detenerse! Abrimos escotillas, aireamos el barco,
preparamos una cena sencilla pero rica, nos instalamos en la bañera, cenamos,
respiramos….
Al
día siguiente nuestros colegas de los otros barcos fondeados en la bahía nos
preguntarán con apenas media sonrisa dibujada en la comisura de los labios: “¿Entonces?
¿Qué tal la
gran ciudad? ¿Cómo siempre, no?” Y
nosotros, con otra media sonrisa apenas dibujada en la comisura de los labios: “¡Pues
claro! ¡Genial!” Y nos damos cuenta que sabemos por qué estamos aquí y no en la
ciudad, por qué estamos aquí, a bordo, y no en tierra… Entonces descubrimos que
la única duda que nos habita podría manifestarse así: “¡Ojalá que no nos hayamos
olvidado de comprar nada!”